Frank Bergerot, Jazzmagazine (France), Mars 2018, Révélation!
Nouveauté. "Ouverture latine massive d'un tutti piano-basse-batterie qui sert de thème, prolongé par main gauche et contrebasse en accompagnement de droite en position de soliste, solo de basse puissant puis retour du piano avec quelque chose de monkien dans la minéralité du jeu qui se délie progressivement à droite, mais que développent les basses piano nous ramenant pour finir au long ostinato initial. Ça démarre fort avec l'efficacité d'un The Bad Plus, la frime en moins. Le trio de Minneapolis reste une référence possible dans la ballade qui suit, exposée à la contrebasse, puis improvisé à la droite du clavier selon un cheminement qui tient en haleine et avec une belle circulation entre les deux mains, la basse et la batterie. On aime ces arrière-plans aussi précisément détaillées et diversifiés qu'ils sont fournis, la fermeté des doigts et des idées, l'évitement de tout exotisme sur les rythmes latins, de tout asservissement dans l'influence monkienne qui revient sur Strollin (ce n'est pas le thème d'Horace Silver), on lâche un peu prise sur Esha qui, après un élégant début, risque de s'enliser dans des effets de mode auparavant contournés, et ce paradoxalement une ballade qui nous réveille par la profondeur de son propos. Sergio Gruz, qui n'est pas un inconnu dans nos pages, même si j'y avais mal orthographié son nom lors d'une précédente chronique, commence à avoir un visage bien identifié parmi la foule grandissante des pianistes de talent se pressant à la porte de nos chroniques." Frank Bergerot.